top of page

L’INDUSTRIE DU LIVRE EN AFRIQUE

Mrd = milliards M = million


Après le rapport de l’UNESCO sur l’industrie du Film en Afrique, 2021, celui sur le secteur de la Mode, Afrique toujours, 2023, voici venu le temps tant attendu du rapport sur l’industrie du Livre en Afrique, 2025, « Tendances, défis et opportunité de croissance ».


« Afrique, Afrique, Mon Afrique », scandait le grand poète disparu David Diop, en 1956, continent au passé violent violé par la traite et l’indigénat !


Au moins 1milliard et demi d’âmes black and proud ! Seulement ? Pas plus ? On se demande bien qui a fait ce recensement.

L’Afrique, où il est parlé plus de « 2000 langues, environ un tiers des langues du monde », et non des dialectes… « sur une superficie de plus de 30 millions de kilomètres carrés, possède une riche diversité de récits à raconter ».


« Il parait légitime de supposer qu’un continent de » cet acabit devrait inonder le monde de ses faveurs qui, hélas, ne profitent pas du tout aux Africains.


Où sont donc ces récits fabuleux ? Sont-ils condamnés au silence du sous-développement par l’Aide (cf. blog N°75)

L’avenir de l’aide au développement) ? Aide-toi, et le Ciel t’aidera. Mais la misère est plus pénible, sous un zénith aveuglant, où le soleil tombe d’aplomb.


En 2023, l’industrie du Livre en Afrique impliquait 6 400 éditeurs, 86 000 titres/an, 13 000 librairies physiques, 8 000 bibliothèques publiques, 270 festivals littéraires et autres salons du Livre, 200 associations professionnelles. Peut et doit mieux faire.


Même si ces chiffres sont dérisoires et insuffisants, ils ne peuvent que nous interpeller sur le haut niveau de carences dont la cause n’est autre que le sous-développement, enfant hybride du colonialisme et du néo-colonialisme (bis, ter, etc.). Cependant, ils sont des plus encourageants, vu et su les ténèbres dans lesquels le Continent est plongé et plombé. Face à l’obscurantisme qui envahit les belles nuits tropicales équatoriales de rêve, de bonheur et d’amour, redorons le blason de l’écrit !


Pour éclairer ces ténèbres du sous-développement durable (bis, ter, etc.), citons Gaston Monnerville rappelant cet antique adage de la philosophie hindoue : « De quelque côté que l’on incline la torche, la flamme se redresse et monte vers le ciel ».


En préface, Audrey Azoulay, Directrice Générale de l’UNESCO, rappelle :


Que l’industrie du Livre, en Afrique, représentait 5,4 % du marché mondial de l’édition, en 2023, générant environ 7 Mrds$. Ledit marché pourrait atteindre les 18,5 Mrds $, dont 13 pour le seul marché scolaire.


Conducteur : développer l’industrie du livre en Afrique, tout en s’assurant que les Africains puissent façonner leurs propres récits et préserver la diversité culturelle et linguistique de l’Afrique. L’industrie du Livre devrait être un moteur pour le développement durable.


« Ce rapport est un hommage à l’immense créativité et aux compétences des professionnels du livre, romanciers, poètes et écrivains africains en tout genre… »


Vante ses richesses et non la vente braderie de ses matières premières. « Le continent regorge de paysages linguistiques divers, de riches traditions orales et littéraires ».


Constate l’évolution due à « l’essor de l’édition numérique et l’importance croissante des langues locales et autochtones dans la littérature -qui- sont en train de remodeler le paysage de l’édition. »


S’inquiète de ce que, en Afrique toujours, « huit enfants sur dix commencent leur scolarité dans une langue qui n’est pas leur langue maternelle. L’apprentissage numérique et l’éducation multilingue sont des piliers essentiels de la stratégie de l’UNESCO visant à améliorer l’alphabétisation. »


Déplore que seuls cinq des 54 États africains membres de l’UNESCO disposent de lois spécifiques pour réglementer et soutenir l’industrie du livre ; et qu’il n’y a qu’une librairie pour 116 000 habitants.


Cite, « Nos Capitales Mondiales du Livre et nos Villes Créatives de la Littérature servent de phares à la lecture et à l’écriture en contribuant à attirer l’attention sur chaque culture littéraire individuelle. De Port Harcourt, au Nigeria, à Alexandrie, en Égypte, et Durban, en Afrique du Sud », l’oralité se met à la lecture !


LIMITES du RAPPORT :


Ne sont pas prises en compte : les industries du papier et de l’imprimerie ; l’édition universitaire, professionnelle et technique ; les presses universitaires.


« L’autoédition constitue un autre segment important du secteur de l’édition en Afrique qui n’est pas abordé ici. » L’autoédition est plus le fait des carences durables que d’une concurrence exacerbée, Cerbère.


Autoédition ou à compte d’auteur, appellation péjorative sous d’autres cieux, qui fait montre du rapport déséquilibré entre auteur et éditeur. Mais ça, c’est un autre débat…


Sur la présupposée antériorité de l’oralité africaine, voici encore un cliché colonial, une réduction coloniale. D’abord, au Commencement était la Parole. Le droit caucasien colonial nait de coutumes codifiées bien après leur apparition, à telle enseigne qu’elle se perd dans la brume de la Nuit des Temps.


Et comme par hasard, l’alphabet utilisé par l’humble auteur de ces lignes, est d’origine inconnue… La belle affaire ! En douala (sawa), tila = écrire ; langa = lire ; kalati = livre ; éssao = plume ; diwindi = crayon. Et ce n’est ni du pidgin, ni du créole…


Résumé


Les difficultés liées à la collecte de données sont de légion et monnaie courante. Tout comme le niveau de « l’informalité », qui n’est qu’à l’aune du chômage et du sous-emploi. Informel, chômage, sous-emploi sont aussi durable que le -sous-développement (bis, ter, etc.).


Cet état social sociétal sur lequel on s’étale est précaire et aléatoire. Ce qui ne favorise en rien l’archivage des données statistiques, mais au contraire augmente les clivages des plus étanches entre misère absolue et richesse abusive, pour une distribution fluide et harmonieuse de la culture, en général, du livre, en particulier. Le savoir et le pouvoir.


En raison de l’informalité d’une partie de ce secteur, l’autoédition, certains sous-secteurs et autres pratiques informelles, ainsi que les développements technologiques ne peuvent être pris en compte. D’où des estimations sur le chiffre d’affaire et le nombre d’emploi prises au plus bas.


Le Livre, en Afrique, représente environ 5,4 % des 129 Mrds$ du chiffre d’affaire mondial du livre, pour un continent qui engendre 18% de la population mondiale. L’édition scolaire, qui représente 70% du marché du livre africain, pourrait peser 13 Mrds$, à l’avenir. 329 millions élèves africains sont concernés. La population de l’UE, au 1er janvier 2024 était de 449,3 millions habitants…


Nigeria, Afrique du Sud, Kenya, Ghana, Cameroun, pays phares en la matière, disposent de secteurs éducatifs nationaux solides alimentant les marchés nationaux et régionaux.


Afrique du Sud, Kenya, Ghana, Côte d’Ivoire, Sénégal sont en pole position des exportations continentales africaines.


2023 : pour un volume de 597 M$ de livres importés, il n’y eut que 81 M$ de livres exportés. Le déficit est considérable !


Mais la diversité linguistique, en Afrique, se répercute peu dans l’édition : ses 2000 langues locales sont largement éclipsées par l’anglais, le français et le portugais.


Sans oublier que les carences et faiblesses infrastructurelles – et autre aliénation en tous genres- sont plus persistantes que le développement durable lui-même (bis, ter, etc.).


Pour ne pas arranger les choses, « les faiblesses des infrastructures locales » obligent à sous-traiter hors du continent. Ce qui augmente les coûts et diminue la compétitivité.


Les obstacles sont plus nombreux que dans un 3000 m steeple : « cadres législatifs et réglementaires faibles et insuffisants ; incitations financières et fiscales limitées ; dépendance à l’égard des industries étrangères du livre ; déséquilibre commercial important dans l’édition africaine ; difficultés dans l’accès aux livres et la promotion de la lecture ; faiblesse en publications représentatives de la diversité linguistique du continent ; carence en programmes d’enseignement et de formation spécifiques. ».


Le marché stratégique et lucratif de l’éducation laisse augurer de réelles opportunités stratégiques de croissance pour les forces vives de la Nation au Pays bien aimé en pleurs et à la dérive. Et ce n’est pas de l’afro-pessimisme.


Pour ce, il faudrait : « renforcer les cadres juridiques et institutionnels intégrés ; élaborer une politique nationale du livre (PNL) ; mettre en place des conseils nationaux de développement du livre (cndl) ; développer un marché intérieur solide pour les éditeurs locaux ; améliorer l’accès aux livres et promouvoir la lecture. ».


Autre problème, structurel quant à lui, et extension des carences infrastructurelles, c’est la communication. Pour quelle communication ?


Exemple : si vous dites vouloir favoriser l’édition des livres en instaurant un code barre à 1500 FCFA (au lieu de la gratuité), il faudrait bien que les bénéficiaires puissent en être informés. Sauf à les transformer en proies aisées pour les longues et tranchantes dents aiguisées des loups avides du marché des vanités, qui n’hésitent pas à surfacturer ledit code barre de 80 à 650 000 FCFA !!! Affaires Africaines…


Seuls 5 pays (Algérie, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mauritanie) ont une loi spécifique à l’industrie du livre, hors règlementation sur le dépôt légal et les droits d’auteur. Ce qui n’empêche en rien les problèmes d’application de la législation d’avoir pignon sur rue.


Il n’y a que 13 000 Librairies sur tout le continent Afrique. Le Nigeria, contrée où l’on compte le plus de « Black Souls » au monde, ne dispose que d’une librairie pour 50 000 habitants… Quant à la notion de Bibliothèque, l’Afrique du Sud, 1ère nation africaine under the groove de la lecture, compte 1949 bibliothèques. Une pour 40 000 habitants… Le savoir est un pouvoir. De -sous- développement ?


L’accessibilité aux livres reste une difficulté majeure. Sans compter les lacunes en matière de formation. Seuls 20 % des pays africains proposent des qualifications spécifiques dans le domaine de l’édition. Malgré quelques initiatives, ces efforts restent insuffisants pour former une main-d’œuvre compétitive.


Le livre numérique pourrait-il suppléer ? Cf. « reading by mobile phone”, réduisant les obstacles traditionnels à la distribution. Les nouvelles technologies doivent servir à sortir rapidement du sous-développement hélas durable (bis, ter, etc.). Mais en sautant des étapes, ne risque-t-on pas de brûler les neurones de la conscience populaire, en l’aliénant à une nouvelle « drogue » : le développement technologique comme étant la panacée ? Comment le consommer ?


Le problème de l’Afrique tient à ses paradoxes et contradictions. Comment un continent aussi riche peut-il connaître autant en emporte le vent de la misère humaine ? L’excellence de la littérature est dévalorisée par le manque d’infrastructure. Comme pour le sport, l’art, la culture. Comme pour les matières premières.


Il y avait eu déjà, au milieu des années 90, cette initiative de l’UNESCO de répertorier les imprimeurs en Afrique, pour imprimer localement les programmes scolaires…


Il faut des campagnes nationales pour la lecture et une législation sur les bibliothèques publiques.


INTRO


Il faudrait plus favoriser la diversité des expressions culturelles, et contribuer au développement des Industries Culturelles et Créatives (ICC).


« Les ICC généraient des revenus annuels de 2,3 Mrds$ (billions $), soit 3,1% du PIB mondial.», cf. rapport Creative Economy Outlook 2024, CNUCED. Les ICC représentent entre 0,5% et 7,3% du PIB mondial, employant entre 0,5% et 12,5% de la main d’œuvre mondiale.


On estime que l’industrie du Livre pesait pour 129 Mrds$, en 2023, dans le monde, dont, cf. OMPI : Afrique 7 Mrds$, USA 28,1 Mrds$, Allemagne 9,9 Mrds$, Japon 9,9 Mrds$, Inde 9,6 Mrds$.


Où il est dit et reconnu que les investissements substantiels des états Africains fraîchement indépendants, quant à l’éducation, les programmes scolaires et les politiques nationales du livre, substantiellement budgétés début 60, furent battus à froid par les mesures d’austérité des P.A.S. du FMI… en 80’-90’. Régression et médiocratie… Il y avait vraiment mieux à faire !


Pourtant, au regard de la formalisation des cadres juridiques et institutionnels, on pouvait espérer des lendemains culturels qui ne sauraient être subjugués au 3 premières lettres du mot culture, pour sortir des ornières du sous-développement de l’underbelt politic et participer de pair et de concert aux agapes des nourritures terrestres du Village mondial.


La Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, dite Diversité Culturelle, 2005, qui fête ses 20 ans cette année, a été ratifiée par 88% des 54 états Africains membres de l’UNESCO.


Les Droits d’auteur et la propriété intellectuelle sont garantis dans 91% des pays. Les lois sur le dépôt légal existent dans 57 % des pays. Les institutions publiques de coordination sont présentes dans 39 % des pays. « Seuls 38% des pays africains disposent d’un conseil ou d’un département ministériel spécifique en charge… du livre et de l’édition. » Les agences ISBN nationales ne sont présentes que dans 54% des états membres de l’UNESCO, pour des pays en bien mauvais état. Alors, il est fait recours à l’étranger, France et Portugal surtout… Les investissements de fonds publics sont budgétés dans 33 % des pays.


En Éthiopie, 20,5 M$ furent alloués à la Bibliothèque Abrehot, ouverte en 2022. L’Afrique du Sud consacre annuellement 54,86 M$ en la matière, dont 5 M$ pour « l’expansion de l’infrastructure des bibliothèques publiques. » Au Sénégal, 968 000$ (600 M FCFA), furent versés en 2020, au Fonds d’aide à l’édition. Quant au Botswana, ce fut 464 000 $ qui furent consacrés à ce propos, en 2023.


Il existe donc 200 associations professionnelles sur le Livre, en Afrique, environ 3 par pays, pour passer des pratiques informelles à un cadre structuré.


« Au cours des 3 dernières années sur le continent, près de 50 appels d’offres ont été publiés concernant des solutions de bibliothèques numériques, destinées surtout à l’enseignement supérieur, à la formation professionnelle et aux administrations publiques. »


Mais on oublie surtout cette aberration coloniale et néocoloniale qui veut que, non seulement les bois les plus précieux, vendus en « exclu » à l’export, ne sont coupés que par des entités non africaines, mais, mais, surtout, rien n’est transformé sur place ! Comme pour tout d’ailleurs, par ailleurs, pour tant d’autres matières premières. Comme le café, le cacao. Connaissez-vous une seule marque africaine de café ou de chocolat ?


Moralité, faire imprimer en Afrique revient au moins aussi cher que de faire imprimer hors Afrique. Le bois n’étant pas transformer en cellulose sur place, il faut importer le papier issu de la transformation du bois, produit brut exporté d’Afrique sans transformation sur place… Or le papier pèse en poids et en coût de transport ; les imprimeries locales doivent l’importer, aussi…


Quant à la place et au rôle des Femmes dans la Littérature, rappelons que les premières et plus antiques et vieilles statuettes jamais reproduites par l’Homme, quel que soit les civilisations, ont toujours été « La » Femme, symbole de la Fertilité et de l Fécondité, depuis la Nuit des Temps.


D’autre part, bien qu’il n’y ait que peu d’études poussées et sérieuses sur la polygamie et le rôle de la Femme, (oui-oui Abraham, père du monothéisme était polygame), il ne faut pas faire fi pour autant de la matrilinéarité. Toute femme avait droit, au moins, au divorce, dans la polygamie traditionnelle animiste et/ou païenne, (comme la circoncision). Ce qui diffère quel que peut des seconds -et plus- bureaux contemporains urbains africains, réminiscence de la tradition du goût. Soi-disant… et non mieux-disant…Dégoût…


Au lieu d’opposer polygamie et monogamie, au monopoly de la vie, systèmes tous deux insuffisants pour valoriser au juste éclat de son aura la Femme, tout du moins Africaine, certains Noirs Sirs, le sang-bleu n’étant pas du seul apanage des Caucasiens, émirent le fol et vain espoir de la polyandrie et de la « monoandrie », aux lieu et place de l’excision et de l’infibulation. Ce qui n’est ni de l’affabulation, ni de la fabulation.

Non.

Just R.E.S.P.E.C.T.


Après la musique, la peinture, la sculpture la littérature africaine illuminera-t-elle aussi le Monde ? Les écrits restent.

Posts récents

Voir tout
L'Homme de Pékin

« Quand tu ne sais plus où tu vas, Arrête-toi, retourne-toi, Et regarde d’où tu viens. » Proverbe africain. De l’odyssée de l’espèce aux...

 
 
 
Black Metropolis

Avant-propos Vers la fin des années 1970, Erving Go man et moi étions à déjeuner lorsqu’il me raconta comment, avec Howard S. Becker...

 
 
 

Commentaires


image0.jpeg

Mentions légales

Politique en matière de cookies

Politique de confidentialité

 
© : Éditions l’Afrique Littéraire et Artistique                       852 385 434 RCS Paris

Directeur de Publication: Henri David KALA-LOBÈ

  • Instagram
  • Facebook
bottom of page